Homosexuelle et libre : le combat de Svetlana

Depuis le 17 mai 2013, le mariage civil n’est plus uniquement réservé aux couples hétérosexuels en France. C’est une réelle avancée pour les droits de la communauté LGBTQI+ (lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer, intersexes et assimilés). D’autres pays n’en restent pas moins plus avancés parmi les voisins : le mariage pour tous est déjà présent dans de nombreux pays comme l’Espagne, pourtant très pratiquante, depuis 2005 ou encore les Pays-Bas depuis 2001. L’extension récente de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) aux couples de femmes a permis une nouvelle ouverture du débat sur les droits des LGBTQI+ dans le pays. Si les rassemblements contre cette proposition de loi n’ont pas manqué, avec une certaine radicalisation des personnes homophobes, la loi a finalement bien été adoptée.

A rebours de ces avancées, beaucoup de personnes sont encore réprimées et tuées à cause de leur orientation sexuelle à travers le monde. Si l’homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentales par l’OMS depuis 1990, elle reste pénalisée dans 72 pays, et parmi eux, 11 la punissent encore de la peine de mort.

En France, face aux discriminations et violences subies par ces personnes, nous avons des associations locales, nationales, mais aussi internationales, qui se battent pour les droits humains, quels qu’ils soient. Certaines se spécialisent dans la protection des personnes LGBTQI+, tandis que d’autres, plus généralistes, tentent de défendre les droits humains à travers le monde (mission qui peut s’avérer très difficile si les états ne se montrent pas coopératifs et s’opposent à leurs interventions).

C’est le cas de deux associations que nous avons pu interroger. Amnesty International, qui lutte pour les droits humains, économiques, sociaux, civils et politiques à travers le monde. Mais aussi Flash our True Colors, une association amiénoise qui défend les droits des LGBTQI+, lutte contre les discriminations et aide les personnes migrantes homosexuelles, le plus souvent dans des situations très compliquées. Ces personnes fuient leurs pays sous peine de condamnations. Elles font alors, dans le pays d’arrivée, une demande d’asile qui est le dernier droit accordé à un être humain quand tous les autres sont épuisés et que la personne ne peut plus vivre en sécurité dans son pays.

D’après ce que nous en disent les représentants de ces associations, nous ne pouvons pas généraliser un parcours type pour ces personnes qui se réfugient en France. En effet, certaines arrivent via un réseau sécurisé par l’intermédiaire des réseaux sociaux (d’associations par exemple), et avec l’aide de spécialistes. D’autres ont recours à des modes de transport beaucoup plus compliqués, avec l’aide de passeurs par exemple. À leur arrivée, elles vont se retrouver dans des hébergements pour demandeurs d’asile, en attendant de passer devant les juridictions. La réponse se fait souvent longue et un droit d’appel est toujours possible si celle-ci est négative.

Depuis septembre, l’association Flash our True Colors réalise des entretiens avec des personnes migrantes qui ont besoin de soutien moral et administratif dans leur procédure pour obtenir le statut de réfugié. L’accueil de ces personnes se fait en plusieurs étapes. D’abord, l’association s’assure que les personnes sont suivies par une assistante sociale. Puis c’est le statut de la personne qui entre en ligne de compte : certaines personnes sont en procédure classique, mais d’autres ont une demande d’asile en cours dans un autre pays européen. Elles se trouvent alors sur le territoire français de manière illégale, et le risque d’expulsion est fort. Ensuite, l’association propose de les aider dans la constitution du dossier des demandeurs d’asile pour faire des documents clairs, en français correct, et le plus explicitement possible, avec des pièces à l’appui pour justifier les discriminations subies dans leurs pays. « Les pièces à l’appui » sont particulièrement compliquées à récupérer quand la personne n’a plus aucun contact avec quelqu’un de son pays, un ami ou un membre de sa famille qui peut avoir accès aux documents nécessaires (comme un rapport de police sur des violences, des agressions).

« Je suis venue en France dans une lutte pour mon bonheur, ma liberté »

Svetlana

Flash our True Colors nous a permis de nous entretenir avec Svetlana. C’est une femme géorgienne ayant fui son pays à cause des persécutions subies liées à son homosexualité. En Géorgie, il existe beaucoup de discriminations liées aux moeurs, appuyées par l’église orthodoxe. Or, la Géorgie n’est pas considérée comme un pays à risques, puisqu’il n’y a pas de lois discriminatoires dans les textes officiels. Svetlana nous livre ici un éclairage sur la condition pour autant difficile des personnes LGBTQI+ dans son pays d’origine, ainsi que son expérience de l’exil.

Interview réalisée dans un bar amiénois le 10 mars 2020

Alix Clément & Romain Delpierre
L2 Science Politique

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