L’ALCO : un centre social et (inter)culturel à Amiens Nord.

Dans les quartiers nord d’Amiens se trouve depuis 1978 un centre associatif devenu centre social en 2014. Il est aujourd’hui domicilié 8 Avenue de la Paix. Plusieurs journaux locaux tels quel le « JDA » ou encore le « Courrier Picard » ont écrit des articles au sujet du centre social. A la lecture de ces derniers, nous avons décidé de mener nous aussi deux interviews auprès du président M’Hamed El Hiba et d’Agathe Fokam, salariée au sein du centre social.

Les articles de presse au sujet du centre parlent beaucoup du récent changement de locaux qu’ont connu les salariés et les usagers du centre. En effet, au début de l’année 2021 ce changement s’est concrétisé après des négociations avec les élus de la ville d’Amiens depuis 2016. Comment le centre Alco a-t-il autant duré dans le temps ? Qu’est-ce qu’il amène concrètement aux usagers du quartier ? Quelles difficultés liées à la crise sanitaire a-t-il connu ? C’est ce que nous avons voulu comprendre.

 

« L’Alco à la base c’est Association Langues et Cultures d’Origine aujourd’hui c’est devenu un centre social »

Pouvez-vous vous présenter brièvement :

En tant que directeur quel est votre rôle ? 

Comment est-ce que l’Alco a-t-elle résisté à travers le temps ?

Quels étaient les premiers objectifs de l’association ?

Pourquoi ces objectifs ?

Il faut rappeler le contexte social de l’époque afin de comprendre l’ALCO. On était dans une période ou il y a de l’immigration en France. L’immigration c’est quoi ? L’immigration c’est de façon générale une personne qui part de chez elle pour 3 raisons. La première raison elle est économique. Deuxième raison qui est politique on est dans des pays qu’on a appelé ou qu’on appelle toujours des pays du Tiers Monde ou en développement. Malheureusement dans ces pays-là il n’y a pas vraiment de fonctionnement démocratique. Ces jeunes sont venus faire leurs études en France dans l’objectif de rentrer, parce qu’il y a un cheminement quand même. 

« La vie n’est pas linéaire »

Ouais, c’est bien! Sauf que la vie n’est pas linéaire et on peut pas paramétrer l’humain. On peut paramétrer un ordinateur, là il y a le robot Persévérance qui est allé sur Mars (rire) 6 mois de route wow!! Il s’est posé là ou il devait se poser, c’est incroyable. Mais pour l’humain c’est pas comme ça. L’humain se remet toujours en question, l’humain c’est un moulin à réflexion. 

« Les gens ils fuient la guerre, la dictature »

Donc comme il y a des dictatures dans ces pays, les gens partent. Où ils partent d’eux même ou ont les exils. Les gens ils fuient la guerre, la dictature. Que ce soit les portugais les africains les marocains, mais ces dernières années c’est resté le Maroc. Le troisième élément c’est l’humain, le besoin de partir voir de nouveaux horizons. Donc il devient un immigré. 

En 1978 on dit un immigré c’est quelqu’un qui quitte son pays pour un autre. Je dis immigré par facilité de langage je n’aime pas ce terme parce qu’on met tout dedans ! C’est une valise. Un immigré c’est quelqu’un qui est de passage pour ces trois raisons là il ne fait que passer. Pour une raison conjoncturelle l’immigré est ici provisoirement.

A l’époque mais aussi tout au long de l’histoire du 19ème siècle, l’immigré type c’est un homme jeune et célibataire en bonne santé, une force de travail. Il est censé être là que provisoirement. 

« Il faut alphabétiser les migrants » 

Les deux revendications concernant l’immigration, d’abord l’alphabétisation, il faut alphabétiser les migrants pas pour le bonheur du monde. Mais pour qu’ils comprennent les consignes du travail. On embauche de la main d’œuvre il faut qu’elle comprenne cette main d’œuvre.

La deuxième chose, c’était l’insalubrité des foyers. C’est tout bête ! Je vous fais un fil conducteur pour que vous puissiez comprendre les éléments. Sauf que fin 78-80 il y a le regroupement familial, avec la loi qui dit que toute personne qui vit en France et à ces papiers stables peut amener sa famille. Parce que la France commençait à être condamner le manque d’humanité, des mecs qui vivent ici pendant des années ont leur famille au pays. En fait les gens n’ont plus de vie ! 

Au début les immigrés en France n’avait pas beaucoup de droits. Par exemple au début de l’industrialisation n’avaient ni le droit de vote, ni le droit à la parole parce-que le travailleur est surexploité s’il peut voter, il va voter contre son patron. Ça ne pouvait pas exister, on est dans un système capitaliste ficelé par contre on peut observer que pour les femmes le système capitaliste à été une grande évolution comparée au système féodale. 

Du coup, on est sur une nouvelle donne l’immigré qui à l’époque ne posait qu’un problème avec le groupement familial, la construction de sa vie il est n’est plus un seul. Il ramène sa famille, vous comprenez .

« La question de l’identité s’est posée pour beaucoup de jeunes issus de l’immigration. Tu es quoi : marocain ou français ?» 

Donc déjà là on voit le schéma de l’immigration. On passe d’un migrant seul qui fait louer sa force de travail à une famille qui pose les mêmes problèmes qu’une famille française. Donc, la question de l’identité s’est posé pour beaucoup de jeunes issus de l’immigration. Tu es quoi marocain ou français ? Qu’est-ce que tu préfères le Maroc ou la France ? On pose des questions toutes bêtes à ces jeunes là issus de l’immigration mais ça peut les déstabiliser.

Ça impacte directement sur les objectifs de l’ALCO pas pour la remise en cause de la langue. On avait différents supports, on faisait de la musique des expos on avait un cinéclub « Le cinéclub immigré » on faisait des films sur les pays du Tiers Monde, des pays arabes avec des débats à la clé. 

« Ce n’est pas parce que tu sais parler arabe que peux l’enseigner »

L’ALCO m’a demandé de m’associer à eux dans l’apprentissage de la langue arabe pour les jeunes. Je suis rentré dans le mur directement. Ce n’est pas parce que tu sais parler arabe que peux l’enseigner. Tu découvres tout de suite la pédagogie, une langue c’est un apprentissage progressif.

Il faut surtout éviter la dévalorisation des lieux et de la façon de faire, l’enseignement doit être sympa. Il ne faut surtout pas que ça se passe dans des endroits sales, comment tu veux apprendre si tu es dans une cave ! Déjà l’enfant il se dit je suis arabe c’était vu comme un handicap, j’apprends l’arabe je suis dans un endroit qui ne donne pas envie d’apprendre. Tout est fait pour que l’estime de soi soit négative. Mais à l’époque on n’avait même pas de local, on avait rien!

La mairie a mis à notre disposition une classe d’école. Cet avantage a été radical dans la valorisation des enfants. Au début on est pas perçu comme légitime. De part de nos origines maghrébines et parce qu’on était pas enseignants. Les enseignants avaient des préjugés sur nous et étaient surpris qu’on puisse apprendre des choses aux élèves qu’eux même ne savaient pas.

« Les résultats, les notes des élèves n’étaient pas très bonnes, pourtant les enfants eux ça ne leur faisait pas grand-chose. Ils étaient heureux de participer à ce cours ».

Pendant un moment on s’est inquiété on s’est dit qu’on faisait mal notre boulot. Les résultats, les notes des élèves n’étaient pas très bonnes. Leur niveau n’augmentait pas. Pourtant eux ça ne les dérangeait pas! Ils étaient heureux de venir au cours, pour eux les chiffres ça ne comptait pas. Il était fier de dire « eh moi après l’école je suis des cours d’arabe à l’école » c’était une fierté.  

« Une fois qu’on a commencé à discuter avec les enseignants légitimes de ces élèves, on a remarqué qu’on cherchait les résultats au mauvais endroit. »

Les enseignants nous ont dit que pour ces enfants qui venaient à nos cours il y avait une évolution dans leur comportement. Une évolution positive car ils sont devenus plus calmes, plus intéressés à l’école. Donc, une fois qu’on a commencé à discuter avec les enseignants légitimes de ces élèves, on a remarqué qu’ont cherchaient les résultats au mauvais endroit. On s’est rendu compte qu’il fallait regarder au-delà des notes scolaires et que cette aide que nous fournissions allait plus loin que cela. On aide les enfants scolairement et socialement.

On a commencé à installer les animations interculturelles qui se passent dans le temps scolaire pour toute la classe. On veut valoriser ces jeunes là aux yeux de toute la classe.

« L’objectif était aussi de montrer que même les enfants maghrébins qui ont par moment des mauvaises notes à l’école ont des connaissances et compétences que d’autres n’ont pas car ils savent répondre à nos questions car c’est des choses qu’ils ont pu apprendre dans l’instance familiale et ceci leur procure une certaine fierté. »

Un de nos objectifs en intervenant dans les écoles est d’apprendre la culture des pays du Maghreb. Par exemple on explique aux enfants à quoi sert le lave-mains dans les pays arabes que c’est une question d’hospitalité. Pour éviter de faire déplacer notre invité on lui ramène de quoi se laver les mains directement. L’hospitalité qui est au cœur de la culture maghrébine.

Il a fallu aussi expliquer aux enfants que le fait de manger avec les mains c’est pas « dégoûtant ». Ça fait parti de la culture tout comme en Asie il mange avec des baguettes, chaque société a ses façons de faire.

Ses façons de faire résultent d’un apprentissage et ce que l’on souhaite faire comprendre aux enfants. On apprend également la calligraphie. Il s’agit également d’expliquer par exemple de quel sens on écrit en arabe. Le but est de montrer qu’il n’y a pas une seule possibilité, une seule manière de faire.

L’objectif était aussi de montrer que même les enfants maghrébins qui ont par moment des mauvaises notes à l’école ont des connaissances et compétences que d’autres n’ont pas car ils savent répondre à nos questions car c’est des choses qu’ils ont pu apprendre dans l’instance familiale et ceci leur procure une certaine fierté. Cette fierté peut les aider à comprendre qu’ils ne sont pas « bête » et leur donner confiance en eux pour mieux s’investir à l’école.

Les enfants se sentent également fier d’être arabe, capverdien, portugais ou peu importe, ils sont fier de leur appartenance culturelle.

L’objet de l’interview mené avec le Président de l’association est de comprendre les racines de ce qui deviendra le plus important centre social d’Amiens Nord : l’ALCO. Dans l’interview menée avec Agathe Fokam nous avons une vision d’ensemble sur les activités que porte le centre social aujourd’hui.

« L’Alco à la base c’est Association Langues et Cultures d’Origine aujourd’hui c’est un centre social »

Dans l’association y-a-t-il des salariés, des bénévoles ou les deux ?

Les deux, il y a même trois type de salariés. On a les salariés permanent (CDI et CDD) ensuite on a les salariés intermittent (accompagnement scolaire) ils ne viennent que pour deux 2h et/ ou en temps scolaires et après on a les bénévoles. Les bénévoles c’est entre permanent et intermittent. Il y a pratiquement autant de bénévoles que de salariés.

Combien de familles le centre ALCO accueil-t-il ?

Aujourd’hui ceux qui sont recensés il y a 655 nombres d’adhérents issus d’une adhésion familiale. Ça c’est ce que notre logiciel nous donne après parfois certains passe à la trappe.

246 familles et la famille peut venir avec le père la mère et ces enfants dont en individu seul 655 individus.

« Il y avait un réel problème d’espace et on n’avait du mal à s’épanouir dans les actions que l’on menait… ce n’était pas évident. »

Pourquoi le déménagement des locaux était-il nécessaire ?

Il faut savoir qu’avant le Covid-19 on était dans un appartement à René Fonck c’était sur un pallier ça faisait deux appartements double avec un sous-sol. Nous avions une moyenne de 350 familles différentes. On se marchait presque sur les pieds.

L’intérêt des financeurs pour qu’on puisse arriver dans ce beau bâtiment, c’est de nous mettre à l’aise pour pouvoir bien travailler. Il y avait un réel problème d’espace.

Pensez-vous à faire une expansion des locaux en dehors d’Amiens, afin d’y implanter le centre culturel ALCO ?

Nous personnellement je ne pense pas, peut-être pas… enfin hors de la ville je ne sais pas trop. Peut être pas même si on a eu des demandes. Des jeunes universitaires sont venus du Sud afin d’avoir une réplique de l’ALCO.

Mais sur Amiens peut-être pas tout de suite mais sinon les élus nous avaient un peu mis sur cette piste là en nous disant on attend de vous que vous multipliez le rayonnement de l’ALCO. Si le quartier Marivaux ou Beauville à besoin d’un petit ALCO aussi sur place. On peut y arriver peut-être.

Mais on ne reste que sur les peut-être. Mais dès lors qu’on est devenu centre social c’était une possibilité. Pour l’instant on n’a pas les forces qu’il faut, il faut déjà qu’on s’installe qu’on maitrise le quartier ceux qu’on apporte, on met les gens à l’aise. Après on pourra y penser.

Mais sinon on intervient aussi à l’extérieur du centre, il n’y a pas que l’accompagnement scolaire.

« Avec la crise sanitaire ce n’est plus possible … maintenant on ne fait plus de JIJA »

Du coup, justement quelles sont les types d’activités que vous proposez ? Nous savons qu’avant la crise sanitaire vous faisiez des sorties hors d’Amiens les été, est-ce c’est toujours possible ?

AH ! Tu veux parler du JIJA les Jeux d’Ici Jeux d’Ailleurs oui ça se faisait un peu, le but était de faire qu’Amiens Nord rencontre Amiens Sud ou Amiens Ouest. Mais avec la crise sanitaire ce n’est plus possible maintenant on a plus fait de JIJA depuis 2 ans. Donc on rester sur les activités internes et celles qu’on fait en partenariats avec les écoles. Il y avait aussi « l’éveil langage » que je fais avec Samira dans les maternelles. Même cette activité n’est plus possible parce que c’est parent-enfant il faut introduire le parent dans l’école. Du coup, on le fait sur place ici à l’ALCO puisqu’on a les salles maintenant.

On reste sur nos activités de base, le multimédia, l’AES et puis moi je fais aussi les cours d’alphabétisation, d’initiations à la langue française. Sinon les médiations continuent, ça consiste à accompagner les personnes pour les démarches administratives. Il faut tenir la main, il faut accompagner à Pôle Emploi, la CAF, la préfecture, le tribunal, la police. En médiation on a toute une palette.

Pendant le premier confinement « Le contact était toujours là ».

Quand il y a eu le premier confinement et que tous les élèves devaient faire l’école à la maison, les gens ont dû avoir besoin de vous ?

Oui, les plus volontaires pouvaient me joindre pour travailler en Visio ou sur Messenger. On n’a pas laissé tomber les jeunes. On restait en contact par mail. Le contact était toujours là. Je vois la différence entre ces jeunes là qui ont travaillé et ceux qui ne l’ont PAS FAIS et qui se sont contentés de rester confiner, de suivre un cours par ci, s’ils arrivaient à se réveiller.

(Rire) 

Parce que les profs nous disaient que les jeunes ne se réveillaient pas beaucoup. Quand les profs lançaient le Visio il y en avait qui n’était pas là parce qu’ils ne sont pas réveillés. Les parents n’avaient pas la force de les réveiller, eux même étaient paumés !

Beaucoup de lacunes se sont creusées à ce niveau-là, je le vois.

« En été on a mis en place les vacances apprenantes »

Par rapport aux vacances d’été est-ce que vous avez proposez des activités ? Comment ça s’est passé avec la crise sanitaire ?

En été, l’année dernière on était plus en confinement ça nous a permis de mettre en place ce qu’on a appelé « les vacances apprenantes ». D’habitude nous faisons les activités culture et loisirs on amenait les jeunes au cinéma, des stages de karaté ou allez faire de l’aquagym et aussi les parents pendant l’été. Cette année on n’a pas appelé ça action culture et loisir ont s’est un peu inspiré de l’idée de l’Académie qui nous dit que ça doit être des vacances apprenantes pour combler les 3 mois de confinement.

Parce que 3 mois de confinement ça creuse au niveau des apprentissages.

C’est des vacances mais qui ont rapport avec des notions scolaires. Nous on avait proposés des stages de 3 ou 4 jours en défis marshmallow. On construisant avec des baguettes ça permettais de travailler la géométrie par exemple. Des ateliers rébus pour travailler l’orthographe. En partenariat avec le collège Arthur Rimbaud ou encore César Franck, le matin on faisait travailler les élèves et l’après-midi c’était activité détente.

« Actuellement, on est fermé certes, mais pour des urgences on répond au téléphone, on répond aux questions, on peut orienter. S’il y a une urgence de photocopie on peut le faire. »

A la suite du discours du premier ministre le 18 avril 2021 qui annonçait une sorte de « confinement » avez-vous pris des dispositions ?

Oui, on a appelé toutes les familles pour leur dire qu’on suspendait les activités temporairement en attendant de voir l’évolution des choses. Parce que nos activités sont en direction d’un jeune public et vu les taux qui se resserrent au niveau de l’Académie avec les cas Covid-19. Il y a des classes fermées au collège Arthur Rimbaud mais aussi dans les écoles primaires d’à côté, donc le brassage n’était plus possible.

On est fermés certes mais pour des urgences ont répond au téléphone on répond aux questions on peut orienter s’il y a une urgence de photocopie on peut le faire.

« Quand tu vois dans les yeux de quelqu’un la souffrance de la vie, la peur de ne pas pouvoir s’intégrer de ne pas réussir à comprendre ce qu’on lui demande je peux vous assurer que tous nos petits soucis au quotidien ce n’est rien à côté de ça ». C’est ça l’ALCO en fait, c’est cette main tendue à ces gens-là. »

Une dernière question plus personnelle, dit nous Agathe comment tu t’es retrouvée à l’ALCO ?

Une fois que j’ai obtenu mon diplôme d’Ingénieure de la Formation des Adultes à l’UPJV j’aurais pu aller dans une multinationale, être responsable de formation ou conseillère professionnelle. Mais c’était une période ou la carrière n’était pas ma plus grande ambition. J’avais des enfants en bas âge qui était un peu plus ma priorité donc j’avais un emploi au collège comme assistante pédagogique et intermittent à l’ALCO. Les deux m’ont demandé de rester en temps plein mais j’ai préféré l’ALCO. Il y a plus l’aspect social, accompagnement, de plus l’ALCO m’a permis de mettre en place un projet : la télévision des socialisation et initiations à la langue française pour les primaux arrivants et ça fonctionne plutôt bien la preuve ça existe depuis 5 ans maintenant.

J’aime ça c’est ma formation de base. L’ALCO tu arrives et je n’avais jamais travaillé dans un Centre Social je suis ingénieur à Grenoble à la base j’ai un Master administration à la base.

Sauf je n’avais pas pensé au social et je suis dedans maintenant (rire) c’est bien d’accompagner les gens. Cela fait 8 ans que je travaille ici et j’aime ça.

« L’environnement social ce n’est pas évident ça change le regard que tu portes sur les choses. »

Quand tu as à faire à des demandeurs d’asiles qui ont fuis la guerre, les viols, les violences et qui une fois en France connaissent la barrière de la langue. Quand tu côtoies ces gens-là tu ne vois plus les choses de la même façon la vie à un autre sens. L’environnement social ce n’est pas évident ça change le regard que tu portes sur les choses. Tu n’agis plus pareil tu te rends compte qu’il y a des choses beaucoup plus importantes.

Quand tu vois dans les yeux de quelqu’un la souffrance de la vie, la peur de ne pas pouvoir s’intégrer de ne pas réussir à comprendre ce qu’on lui demande je peux vous assurer que tous nos petits soucis au quotidien ce n’est rien à côté de ça ». C’est ça l’ALCO en fait, c’est cette main tendue à ces gens-là.

Agathe nous a montré un tableau qu’une famille de demandeurs d’asile a fait lors d’un concours organisé par Amnesty International.

« Nous voulons un asile en France où nous obtenons nos droits ».

On a eu le deuxième prix d’un concours Amnesty International avec ce tableau. Quand je les croise et je vois qu’ils ont réussi leur intégration je suis contente.
On fait beaucoup de formations pour les aider sur les valeurs de la République, les droits des étrangers. C’est très riche ce n’est pas le salaire des multinationales ou le niveau d’études que j’ai mais je suis nourris et ça en vaut la peine.

C’est ça qu’on appelle l’interculturalité ; ces gens-là aussi apportent une richesse. Tu leur donnes ils te donnent il faut savoir recevoir ça.
Notre mission c’est que le quartier vie, que le lien social existe que les gens fassent attention aux autres. ALCO, c’est plus qu’un simple centre éducatif.

Pour conclure, cet article vise à mettre en évidence les conditions de créations de l’ALCO. On a un retour sur le passé sur cette structure qui a permis aux jeunes immigrés de se sentir chez eux. Puis, on observe dans l’interview menée avec Agathe que l’ALCO a connu une grande avancée. Maintenant le centre est essentiel dans la vie de certaines personnes du quartier. 

Ines Harant Zitouni,
Lamine Mouhammadou Seck,
et Karima Barrani.

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