Quand les étudiants déraillent : l’enfer des grèves SNCF

C’est toujours avec angoisse que les étudiants mettent un pied à l’intérieur de la gare. Leurs yeux se perdent sur les larges écrans bleus, à la recherche de leur destination. Ils mettent une attention toute particulière au petit chiffre clignotant. Il annonce la suppression du TER suivant. Les soupirs sont sur toutes les lèvres et l’on ressent l’agacement même pour les plus silencieux. Plusieurs passagers, munis de leur carte étudiante se dirigent vers le guichet. Leurs visages se décomposent lorsqu’ils comprennent qu’ils vont arriver très justement à leurs examens ou à leur cours de travaux dirigés. Une situation fréquente à laquelle une quantité non négligeable d’étudiants sont confrontés.

Photographie : Un train en provenance d’Amiens en gare d’une commune de l’Oise (60)

Les Étudiants sont parmi les premiers bénéficiaires du transport ferroviaire en direction
d’Amiens.

Selon les ressources de la SNCF dans ses archives Open Data, plus d’un passager sur deux utilisait un TER en direction d’Amiens pour des raisons de déplacements entre le domicile et le lieu d’études, doublant même les déplacements pour des raisons professionnelles. Les étudiants sont les premiers bénéficiaires des transports ferroviaires en direction d’Amiens. Les mouvements de grève les touchent de plein fouet. Les problèmes de transport ne sont pas excusables par les universités, en particulier dans le cadre des examens terminaux ou partiels. Il n’y a pourtant à première vue aucun moyen de maîtriser cette variable, surtout lorsque l’on sait qu’une partie de ces étudiants sont boursiers et leurs ressources sont limitées.

Photographie : la gare d’Amiens s’éveille sous la brume au rythme de ses premiers voyageurs

Un silence révélateur d’impuissance.

Dans le cas des étudiants concernés, les récits révèlent le profond sentiment d’être invisibles. Les communes possèdent rarement un réseau de substitution pendant les périodes de mouvements sociaux. Le témoignage de Manon, une étudiante et usagère quotidienne du train, habitant une commune de la Somme – qui a vécu cette situation en décembre 2021 – montre à la fois cette crainte et cette incapacité à agir. « J’avais un partiel quand mon train s’est fait supprimé. On a pas été prévenu la veille que celui-ci ne passait pas. Dans ces moments là, on joue à la roulette russe. » Elle n’avait aucun autre moyen de se rendre à l’université ce jour-là, heureusement une de ses amies a téléphoné
à sa mère pour les emmener en voiture. Le guichet était fermé, elle n’a pas pu demandé un justificatif dans le cas où elle arriverait tout de même en retard. « Quand ils font la grève, c’est aussi nous qu’ils punissent. »

Des solutions et des réponses ?

Il n’existe pas de solutions à l’heure actuelle proposée par les mairies. Les transports sont gratuits pour les étudiants boursiers. Cela limite leur perte. La SNCF propose des réseaux de bus et de taxis si la situation le permet. Les mouvements sociaux représentent une source d’inégalité possible dans la réussite scolaire auxquels les étudiants sont contraints, mais ils savent recourir d’ingéniosité pour sortir de leur situation.

J.EUDES

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