Les femmes agricultrices samariennes : retour sur des années d’anonymat

Pour comprendre la place qu’occupent les femmes cheffes d’exploitations dans le milieu agricole français, nous nous plongeons au cœur des exploitations agricoles de la Somme et partons à la rencontre de ces femmes. 

 

  • Les femmes cheffes d’exploitations samariennes

En 2020, le département de la Somme de la région des Hauts-de-France comptait 4 558 exploitations agricoles. Le nombre de femmes cheffes d’exploitation augmente progressivement. Sur cette même année, 59 femmes sont devenues cheffes d’exploitations agricoles contre 100 hommes, un chiffre en hausse de 7,3 % par rapport à l’année précédente. Aujourd’hui, en France, un quart des exploitants ou co-exploitants agricoles sont des femmes. Le fait est, depuis dix ans, le nombre total de femmes cheffes d’exploitations est en légère progression témoignant d’un fort intérêt pour ces métiers, qualifiés de masculins, des années durant.

 

  • Une lente reconnaissance des femmes agricultrices

D’abord considérées comme de simples « aides familiales », les femmes ont traversé un désert professionnel, sans reconnaissance, ni du fruit de leur travail, ni de leur rôle (implication) dans la conduite de l’exploitation. Elles ont longtemps été mal considérées, devant s’occuper des tâches domestiques, d’élever les enfants, de servir le mari et de nourrir les animaux plutôt que de conduire « le tracteur ». Cette vision patriarcale, bien connue du monde agricole, tend à disparaître peu à peu. Ce n’est qu’en 1980 que le statut de « co-exploitante » voit le jour, permettant aux femmes de participer administrativement à la gestion de l’exploitation agricole. Cette évolution, Marie-Madeleine l’a connue. Fille d’agriculteur, née en 1937, Marie-Madeleine se marie en 1961 avec Guislain, agriculteur. D’abord, « aide familiale », elle travaille sur l’exploitation en exécutant les tâches quotidiennes liées à élevage, et aux travaux agricoles. En parallèle, elle s’est également occupée du foyer et de l’éducation de ses deux filles. Ce n’est qu’au départ à la retraite de son époux à 60 ans, que Marie-Madeleine devient officiellement cheffe d’exploitation, jusqu’à ses 84 ans. Malgré une reconnaissance croissante de ces femmes, de fortes inégalités perdurent entre les sexes, notamment lors de la perception des retraites. En effet, n’ayant pas cotisé, certaines femmes, travailleuses dans l’ombre, se retrouvent alors sans retraite dite « complète ».

 

Marie-Madeleine, aux côtés de sa fille, Catherine en 2004.
  • Une hausse du nombre de cheffes d’exploitation

Aujourd’hui, le statut de « co-exploitante », populaire dans les années 2000, n’attire plus les femmes Jeunes Agricultrices (JA). Un besoin d’émancipation et de liberté se fait ressentir, comme pour beaucoup de femmes de nos jours.

« Je suis cheffe d’exploitation, et mon conjoint, est, lui, conjoint collaborateur »,

nous confie, Catherine, agricultrice et éleveuse, âgée de 55 ans, qui a depuis 2021, repris l’exploitation familiale dans l’objectif de transmettre, à son tour, cette exploitation à ses trois enfants. De nos jours, de plus en plus de femmes s’installent en tant que « cheffes d’exploitations » sans être affiliées à un homme, c’est-à-dire en étant ni « la fille de » ni même « la femme de ». C’est pour cette raison, qu’aujourd’hui, un quart des chefs d’exploitation ou co-exploitants sont des femmes, alors qu’en 1970, elles n’étaient que 8 %. (Histogramme)

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